UNE FUNESTE COÏNCIDENCE

Vous êtes tout près d’Arou. Les îles Lobeiras (zone de pêche aux pousse-pieds) sont souvent enveloppées d’un dense brouillard, le même qui causa le naufrage du City of Agra (03/02/1897), du Standard (11/02/1897) et du Nil (10/10/1927).
Le City of Agra (Angleterre) quitta Liverpool avec 71 membres d’équipage et plusieurs passagers. Parmi eux, citons Mr. Jamrach, fils d’un célèbre marchand d’animaux de cirque de Londres. Dans les jours qui suivirent la tragédie, 29 corps furent enterrés et quelques marins furent récompensés pour leur courage. La cloche du navire, donnée par la Compagnie Barbeito de sauvetage maritime, carillonne toujours dans l’église de Camelle.
Le vapeur charbonnier Standard (Norvège) appareilla du port du Havre direction Huelva, chargé de fûts et de tonneaux vides. Une tempête infernale eut raison de l’équipage lors de la relève de la garde. Seules treize personnes survécurent. Les habitants d’Arou cherchèrent dans leurs malles des vêtements pour couvrir les naufragés. Il ne leur restait pas grand-chose, car ils avaient déjà donné de quoi vêtir les survivants du City of Agra.
Le Nil (France), qui partit de Banjun (Gambie), transportait une marchandise variée — voitures, machines, tissus, soie, produits chimiques et pharmaceutiques, champagne —. Ces richesses disséminées sur la côte attirèrent les habitants du village. Les travaux de sauvetage durèrent plusieurs mois : même si le bateau était irrémédiablement perdu, il tint le temps nécessaire pour récupérer la majeure partie de la cargaison et sauver l’équipage.
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