Maison du garde barrière

Le garde barrière

Un petit nuage de fumée monte d’un mégot coincé sous une moustache jaunie. Il est l’heure de coiffer son képi, de retendre ses bretelles et, comme un automate bien réglé, d’accomplir le rituel voulu par le temps, par les voyages.
Attendre. De quel wagon descendrait-elle si elle lui revenait ?
Il l’imagine dans une robe de mousseline blanche, un peu comme Marylin.
Ses talons se coincent dans le marche-pied.
Mais non, son parfum Balmain restera à Paris !
Le train passe sans s’arrêter.
Le garde-barrière est étonné de la solitude du quai, du sifflement des oiseaux qui troue le reste de vapeur qui meure sur les rails bien graissés. Sa maison aussi relève les sourcils. La fenêtre de la chambre ne s’éclairera pas sur un soir sucré.
Non, il restera seul face à l’Escaille à décanter son mal d’aimer.

Soroptimist Les2Sources-Natagora