Monument Albert Guérisse - Saint-Hubert

Le Général médecin Albert Guérisse (°5 avril 1911 - +26 mars 1989) a été un combattant de la Résistance. Son pseudonyme était Pat O'Leary, comme l'indique la plaque commémorative de la rue de la Fontaine à Saint-Hubert. Il a dirigé pendant la Seconde Guerre mondiale une ligne d’évasion qui porte son nom, qui couvrait la France et le sud de la Belgique et qui a permis à plus de 650 aviateurs abattus de regagner l’Angleterre. Il est le Belge le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale. 

Guérisse, dont la famille appartenait à Saint-Hubert, a obtenu son doctorat en médecine à l'Université Libre de Bruxelles. Il est médecin militaire, affecté au 1er Régiment de Lanciers à Spa, lorsqu’éclate la guerre le 10 mai 1940. Après la campagne des dix-huit jours, décidé à poursuivre le combat, il rejoint les plages de Dunkerque et arrive en Angleterre d’où il est renvoyé en France. Il parvient à gagner Gibraltar où il s’engage sur un navire français (le « Rhin ») qui cherche un équipage pour s’engager dans la Royal Navy. Il parvient en Angleterre où il devient officier de la Royal Navy sur ce bateau, rebaptisé HMS Fidelity, sous une fausse identité de canadien français et le nom d’emprunt de Patrick O’Leary (c’était le nom d’un ami canadien croisé pendant ses études). Il suit une formation d’agent secret par le Naval Intelligence Service et participe à des opérations secrètes en Méditerranée, entre autres, à déposer ou récupérer des agents sur les côtes françaises. Début mars 1941, une mission tourne mal et Guérisse est arrêté. Il finit dans un camp d'internement non loin de Marseille. Il parvient à s’évader et rejoint à Marseille une ligne d’évasion amorcée par un officier écossais Ian Garrow. En octobre 1941, Garrow est arrêté et O’Leary - Guérisse devient le chef de l’organisation qui ramènera en Angleterre plus de 650 aviateurs abattus au-dessus de la Belgique et la France. 

Le 2 mars 1943, Guérisse est lui-même arrêté par la Gestapo et emprisonné à Marseille. Malgré les interrogatoires et la torture, les Allemands n'ont jamais pas réussi à percer sa véritable identité. Il est resté l’officier britannique, Pat O'Leary, canadien français, sans doute aussi parce que même ses plus proches adjoints dans le réseau ont toujours ignoré qu’il était un officier médecin belge. Décrété « Nacht und Nebel », destiné à disparaître dans la nuit et le brouillard, il fut d'abord déporté à Mauthausen, puis à Natzweiler et enfin en septembre 1944 à Dachau. Le 29 avril 1945, lorsque le camp est libéré par l’armée américaine, O’Leary - Guérisse est le président du comité international clandestin des prisonniers, qui accueille les troupes alliées et va organiser la vie dans le camp pendant les premières semaines qui suivent la Libération. 

Après la guerre, décoré de la George Cross - la plus haute distinction honorifique britannique, qu’il est le seul étranger à en avoir été honoré - Guérisse reprend ses activités de médecin militaire, affecté à l'hôpital militaire de Bruxelles puis de retour dans son régiment de 1er Lanciers à Spa. 

En 1951, il se porte volontaire pour le corps de Volontaires de l’ONU pour la Corée. Il y dirigea le service médical pendant quinze mois. Il se distinguera en allant rechercher dans les lignes ennemies et sous les balles un soldat blessé. 

De retour en Belgique, Guérisse est affecté au 1er corps d’armée stationné en Allemagne. En 1964, il est promu Général-Major et dirige le service médical de l'armée belge jusqu’en 1970. 

En 1981, il est proposé à la noblesse héréditaire avec le titre personnel de chevalier. Il ne prendra cependant pas possession des lettres patentes. Le 20 mars 1989, six jours avant son décès, il est élevé au titre personnel de comte ayant adopté comme devise : Honores non quaero, fidelis sum. Traduit librement, cela signifie : Pas intéressé par les hommages, je reste loyal. 

Willem Vandenameele